Ma nouvelle aventure : le jardin forêt

Depuis quelques années, je m’intéresse à la permaculture. Pour tout dire, je lis permaculture, je jardine, je pense et je vis permaculture.

À ce propos, un petit résumé en image vaut mieux que de trop longs discours :

Naturellement, dans la mesure de mes possibilités, j’applique ces concepts à mon jardin qui s’en trouve très content : il regorge de fleurs et de légumes, bien sûr, mais aussi d’insectes, de batraciens, d’oiseaux et autres petits vertébrés. Enfin, et surtout, il est splendide et me rend heureuse.

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À l’automne 2016, au hasard de mes recherches sur le net, je découvre le site de la Ferme du Bec Hélouin et leur travail m’enthousiasme. Je me précipite sur leur livre (« Permaculture, guérir la Terre, nourrir les Hommes » – Perrine et Charles Hervé-Gruyer) où je découvre un chapitre consacré à la forêt-jardin.

C’est une révélation, un flash, un hapax de taille !

Je me vois déjà déambulant dans mon futur Eden, des fleurs dans les cheveux, des papillons dans les yeux, cueillant çà et là des fruits merveilleux !

Pour ceux qui l’ignorent encore, un jardin forêt (ou forêt jardin ou bien encore forêt nourricière) est conçu sur le modèle des forêts tropicales naturelles, en étages ou strates. L’image ci-dessous, extraite du site Prise de Terre de Mathieu Foudral, en donne une illustration :

Perrine et Charles insistent sur le fait qu’une fois passée l’étape initiale, le travail dans un jardin forêt est à la portée de tous, handicapés et vieux compris, caractéristiques que justement je cumule (un peu vieille et pas mal handicapée). A 57 ans, il peut certes paraître un peu fou de vouloir planter des arbres mais la folie ne m’a jamais arrêtée. La seule idée que ma fille, ma petite fille et quelques autres en récolteront les fruits suffit à mon bonheur. En attendant, vivant au maximum dans le présent, je suis persuadée que concevoir un tel paradis me remplira de joie.

Me voici donc partie en quête d’un terrain à acquérir… Pas si simple !

Après avoir écumé sans succès les petites annonces aux alentours, j’ai la bonne idée de faire un flyer rigolo exposant les grandes lignes de mon projet et de m’en aller le glisser dans les boites aux lettres de mes voisins cournonnais. Et ça marche !

Au mois de décembre, j’ai ainsi quatre propositions sur ma commune. Deux d’entre elles portent sur de beaux terrains mais qui sont trop arborés et donc rapidement éliminés. La troisième concerne une magnifique parcelle de plus d’un hectare, lotie à quelques pas de chez moi. La dernière consiste en un verger de 2200 mètres carrés, laissé à l’abandon depuis cinq ans. La décision n’est pas facile à prendre et je préfère prudemment me laisser un peu de temps afin de peser le pour et le contre et réciproquement…

En janvier 2017, sous la houlette de l’association La Forêt Nourricière, j’entreprends un stage enthousiasmant de trois jours sur la conception d’un verger permaculturel. Plus de vingt personnes de tous âges et porteuses de projets très différents y participent avec moi. La formation est prodiguée par Franck Nathié et elle est passionnante. Elle m’aide à donner forme à mon projet et me convainc par ailleurs d’opter pour le verger, un choix plus raisonnable compte tenu de ma condition physique.

Le 27 janvier 2017, je signe le compromis de vente : le terrain est à moi ou presque. Deux ou trois mois de patience encore, enquête de la SAFER oblige. Le temps de me faire à l’idée que, pour la première fois de ma vie, je suis propriétaire.

Ma petite terre à moi est de forme rectangulaire, bordée à l’est d’une belle haie constituée de chênes imposants, noisetiers et autres arbustes.

Un ami m’aide à identifier les arbres fruitiers qu’elle héberge, tâche malaisée quand, puisque nous sommes en plein hiver, il n’y a ni feuilles ni fruits apparents. Nous distinguons néanmoins des pommiers, poiriers, pêchers, pruniers, kiwis, vignes, framboisiers et un figuier en très mauvais état.

Les troncs des arbres sont pour la plupart abimés, certains sans doute du fait des chevreuils; d’autres sont fendus ou ont l’écorce déchirée. Je n‘y connais rien mais je me doute bien qu’ils vont avoir besoin de soins.

Quelques mètres de noisetiers marquent la limite nord. Au sud, quelques arbustes chez le voisin. En revanche, à l’ouest, pratiquement toute la haie est à faire.

Il y a même un grand hangar ! Ouvert sur deux côtés, il sera à coup sûr bien pratique pour ranger ou s’abriter. Sa toiture de tôle ondulée assurera la récupération d’eau de pluie.

Mon seul regret est que le terrain se trouve un peu enclavé au milieu d’un hameau. Mais, à bien y réfléchir, comme je souhaite par ailleurs que cette belle aventure soit l’occasion de créer du lien social avec les cournonais, ce n’est pas plus mal.

Fin mars

Le verger en mars 2017

Eh oui, deux mois se sont écoulés, déjà !

Deux mois durant lesquels j’ai été terrassée par un méchant virus. Je n’ai rien pu entreprendre sur le terrain alors même que la propriétaire m’avait laissée toute latitude en attendant l’agrément de la SAFER et la signature officielle. Je suis un peu frustrée bien sûr. Mais je me console comme je peux en me répétant que, de toute façon, je n’envisageais pas de planter d’autres fruitiers avant un an ou deux. Je veux prendre le temps d’observer, de regarder vivre ma terre…

Je signe le 27 avec le printemps naissant ! Je ne réalise toujours pas…

Dans la foulée, je fais l’acquisition d’un broyeur qui avale des branches d’un diamètre allant jusqu’à 4 cm. Il fonctionne à merveille. Il est certes un peu lourd mais est équipé de roulettes qui facilitent son déplacement et tient à l’arrière de ma Twingo. Je vous le prête avec grand plaisir si vous êtes dans mon coin et que vous en avez le besoin.

Avril, magnifique avril !

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Magnifique, pas tant que ça ! Quelques jours de gel à -4°, -5° : vignes et kiwis sont cuits. Je ne suis pas état de prendre la mesure des dégats pour les autres…

Le peu d’energie dont je dispose est consacré à l’installation de gouttières sur le hangar et à la mise en place du récupérateur d’eau de pluie. S’en suivent 3 semaines durant lesquels les nuages passent sans daigner lâcher une goutte…

Mai

Toujours KO.

Je m’occupe tout de même de mon potager, des semis, mais je ne fais pas grand-chose au verger.

J’ai décidé dans un premier temps de défricher autour des troncs, tout doucement, et d’y faire des essais de plantations nourrissantes, couvre sols et bien sûr de belles fleurs pour attirer les butineurs.

Le premier de mes voisins dont je fais la connaissance habite une jolie maison en paille entourée d’un beau jardin manifestement en perma.  Je lui prête illico le broyeur et son fils de 6 ans m’aide à planter les occas du Pérou.

La maison en bois que l’on aperçoit sur une des photos précédentes ressemble à la proue d’un navire. Sa propriétaire est elle aussi très sympa.

J’ai vraiment de la chance : tous ceux de mes voisins avec qui j’ai pu m’entretenir de mon projet sont curieux et plutôt très contents.

Satya et Himaya dans le verger

Satya, ma fille, Himaya, ma petite-fille, et moi, nous badigeonnons d’argile les troncs abimés. Encore une belle journée !

Juin – Juillet – Août

Les plantations commencent à sortir… En revanche, côté fruitiers c’est la déception. Ni pommes, ni pêches, ni prunes. En fait, il n’y a qu’un peu de raisin et des framboises. Le gel a été vraiment ravageur et a cuit les bourgeons.

Je me console avec les framboises et cassis, avec ce que j’ai dans mon jardin,  je me fais des bolées à chaque goûter.

J’ai donc planté autour de quelques arbres des végétaux que je ne connaissais pas comme l’Occa du Pérou, la Capucine Tubéreuse, les épinards de Malabar, la Chayotte, le Souchet ou amande de terre, les haricots « Orteil du Prêcheur ». D’autres plus familiers, comme l’artichaut, le Chénopode Bon Henri et autres fleurs.

Tous ont une utilité en plus de leur beauté : couvre sols (l’Occa, la Capucine), amélioration de la terre (artichaut, consoude) ou attraction des butineurs (fleurs). La plupart sont pérennes : chou perpétuel, chénopode, amandes de terre et même le fameux haricot « Orteil du Prêcheur », haricot sec qui, s’il ne gèle pas fort cet hiver, reviendra en été.

Bilan de tout ça : l’Occa s’est bien développé et joue pleinement son rôle de couvre sol. Je n’ai pas encore fait la récolte : à suivre.

Pour la Capucine, cela n’a pas été aussi facile et elle ne se décide pas à fleurir. Le haricot est magnifique et se trouve bien dans les branches du pommier, mais il n’a donné que 4 gousses.

La chayotte a l’air de faire un fruit, à suivre aussi.

Toutes les fleurs adorent le sol : un cosmos atteint presque les deux mètres ! Finalement, je n’ai pas de visite de chevreuils, pas encore. En revanche, le chou est régulièrement ratiboisé (et repart) : sans doute un lièvre…

Ce ne sont que des essais mais c’est déjà très joli…

Biblio et liens :

Pour voir une belle vidéo d’une forêt-jardin : https://www.agroforestry.co.uk/ (site anglais, mais la vidéo vaut le coup même si l’on ne comprend pas l’anglais).

La fameuse ferme du Bec : http://www.fermedubec.com

Permathèque bien intéressante : http://www.permatheque.fr/2017/03/23/le-jardin-foret/

Site très clair sur le potager et ses hôtes : https://binette-et-cornichon.com/

Le site perso de Franck Nathié de « La Forêt nourricière » (https://www.laforetnourriciere.org/) : http://franck-nathie.com/ (accessoirement, Laurent et moi avons fait ce site)

Une forêt jardin en devenir : https://www.permaculturedesign.fr/creation-jardin-foret-comestible-permaculture-guilde-projet-communaute-eco-village/

Patrick Whitefield : « Créer un jardin-forêt »

Une forêt comestible de fruits, légumes, aromatiques et champignons au jardin.

Edition Imagine un colibri.

Indispensable !

Franck Nathié : « Permaculture en climat tempéré »

Et tous ses autres livres, tous intéressants…

Edition La Forêt nourricière

 

La suite de l’aventure, c’est ici !